Suite à la création de son Observatoire interaméricain des droits de l'homme, l'Institut Faits et Normes (FNI) a présenté avec succès son premier Mémorial Amicus Curiae à la Cour interaméricaine des droits de l'homme.
Le mémoire du FNI se concentre sur l'affaire Leite de Souza et autres contre le Brésil, également connue sous le nom de massacre d'Acari.
Préparé par le professeur Roberta Cerqueira Reis et Sofia Viegas Duarte, le mémoire vise à fournir à la Cour un aperçu complet de la complexité des violations des droits de l'homme et de l'impact de la violence d'État au Brésil.
Le Massacre d'Acari
Le 26 juillet 1990, onze personnes, pour la plupart des adolescents, ont été kidnappées et ont disparu après avoir été approchées par des individus se présentant comme des policiers. Les pétitionnaires affirment qu'ils ont été massacrés par des agents de l'Etat.
L'enquête a révélé l'implication de policiers dans des extorsions avant la disparition des jeunes, les liant à un groupe d'extermination notoire connu sous le nom de "Cavalos Corredores".
L'enquête policière de l'époque avait été infructueuse. Face à l'inertie de l'État, les mères de disparus se sont regroupées pour tenter de retrouver les corps de leurs enfants et obtenir justice, formant ainsi le mouvement connu sous le nom de « Mères d'Acari ».
Le 15 janvier 1993, Edméia da Silva, dirigeante du mouvement des mères, est assassinée. Sa mort a été dénoncée comme des représailles à ses actions en faveur de la justice.
Le processus relatif à l'homicide d'Edméia traîne depuis 1998. Concernant le jeune disparu d'Acari, le processus judiciaire n'a même pas commencé.
La Commission interaméricaine des droits de l'homme a souligné les aspects socio-économiques et raciaux de l'affaire Leite de Souza c. Brésil, soulignant la stigmatisation des jeunes afro-descendants pauvres en tant que délinquants.
La violence d’État comme problème structurel
Le mémoire du FNI présente un argumentaire complet concernant la violence systémique perpétrée par des agents de l'État au Brésil, en se concentrant particulièrement sur la violence policière, les limites de la justice transitionnelle et la déshumanisation des populations pauvres et d'ascendance africaine.
Les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et autres violations des droits humains sont courantes dans les communautés socialement vulnérables, souvent justifiées comme des actes d'autodéfense ou masquées par des documents officiels manipulés.
L’idée selon laquelle le meurtre et la disparition forcée de "criminels" sont justifiables imprègne la société et légitime les actions violentes de la police, entravant ainsi les enquêtes sérieuses. Ce récit est soutenu par la croyance largement répandue selon laquelle une telle violence est bénéfique pour la protection des "travailleurs" contre les « criminels ».
Le système de justice pénale enquête rarement sur les excès de la police, ce qui conduit à un cycle d’impunité qui encourage le fonctionnement des groupes d’extermination et des milices, principalement composés de policiers civils et militaires.
Il existe un continuum historique de violence d’État depuis la dictature militaire de 1964-1985 jusqu’à l’époque démocratique actuelle, les abus passés n’ayant toujours pas de comptes à rendre devant les tribunaux criminels.
Recommandations
Le Mémorial appelle la Cour interaméricaine des droits de l’homme à examiner les causes structurelles de la violence d’État au Brésil et à prescrire l’adoption de mesures structurelles pour prévenir de futures violences.
Ces mesures comprennent la réalisation d'un diagnostic des groupes et milices d'extermination, le renforcement des capacités d'enquête et la lutte contre la stigmatisation des jeunes, des pauvres et des personnes d'ascendance africaine.
La Cour devrait également exiger du Brésil qu'il mette en œuvre des politiques telles que des enquêtes obligatoires pour tous les décès causés par la police, des programmes éducatifs pour prévenir les pratiques de déshumanisation et les politiques racistes, et l'inclusion des normes relatives aux droits de l'homme comme critères de promotion des agents publics.
Pour lire le mémorial complet, cliquez ici:
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